Les huiles végétales bio utilisées en cosmétique ont le vent en poupe ! Considérées comme un véritable soin de beauté pour l’épiderme, elles offrent de nombreuses propriétés à condition qu’elles soient d’excellentes qualités et d’une grande fraîcheur.
Il est donc impératif de bien les conserver afin de prolonger leur durée de vie pour offrir à votre peau ce qu’il y a de mieux.
Voyons ensemble le mode de conservation idéal pour les différentes huiles vierges.

Pourquoi une huile vierge est-elle fragile ?

Les huiles végétales dites vierges sont issues de première pression à froid et n’ont subit aucune transformation.
Elles sont très intéressantes pour la peau puisqu’elles contiennent des acides gras mais aussi des molécules insaponifiables. Elles restent cependant fragiles et peuvent perdre leurs propriétés et leurs précieux bienfaits en cas de dégradation des fameux acides gras.

Les huiles vierges ont notamment la particularité de s’oxyder plus rapidement que les huiles raffinées, et une fois que l’huile est rancie, elle ne sera plus bonne et ne devra pas être appliquée sur votre peau (visage, corps et cheveux compris).

En effet, une huile oxydée contient des radicaux libres, générateurs du stress oxydatif et responsables du vieillissement prématuré, elle devient aussi comédogène.

Quels sont les facteurs qui abîment les huiles ?

Fruit de l'arganier

Les corps gras contenus dans une plante oléagineuse sont naturellement protégés au sein du végétal par les cellules oléifères au sein des noyaux, noix ou graines.

Mais une fois pressée, l’huile vierge est exposée à différents facteurs et ses corps gras subissent alors le phénomène d’oxydation.
Cette altération oxydative a lieu soit au cours de la conservation (oxygène, UV…) soit au moment de l’utilisation (chauffe, friture…) de l’huile.

L’oxydation d’une huile est le résultat de réactions radicalaires (action des radicaux libres) ne nécessitant que la présence de l‘oxygène contenu dans l’air.

Ce phénomène d’oxydation peut être accéléré sous l’effet de différents facteurs  :

– la chaleur qui agit tel un catalyseur ! Une température élevée va entrainer l’oxydation de l’huile.
– la présence de lumière et notamment les rayons UV générateurs de radicaux libres.
– le contact avec des éléments pro-oxydants comme les métaux (Cuivre, Fer… attention au matériau du flaconnage de conditionnement de vos huiles).
– la présence de certaines enzymes : les lipases (lipoxydases et lipoxygénases) qui vont dégrader les acides gras.
– la teneur en certains pigments (chlorophylle).

Tandis que d’autres facteurs vont ralentir l’oxydation, à savoir :

– la présence de molécules dites « antioxydantes » comme la vitamine A, E, les phytostérols ou l’ajout d’extrait de Romarin.
– la présence de produits qui ralentissent l’oxydation : des chélateurs de métaux, absorbeurs d’oxygène…

Comment les radicaux libres dégradent-ils les huiles végétales ?

Les huiles végétales sont essentiellement constituées de différents acides gras, qui se composent d‘une chaîne carbonée (atomes de Carbone C, d’Hydrogène H et d’Oxygène O) plus ou moins longue.

Les atomes de carbone de cette chaine sont soit reliés par des liaisons simples (C-C) soit par des doubles liaisons (C=C) :

  • on parle d’acides gras saturés lorsqu’il n’y a aucune double liaison sur la chaine carbonée : il s’agit d’acides gras relativement stables.
  •  et d‘acides gras insaturés en présence d’une ou plusieurs double(s) liaison(s). Ce type de liaison est instable et peut subir une attaque par les radicaux libres. Cette réaction radicalaire est capable de s’auto-entretenir et en très peu de temps, tout le flacon d’huile est oxydé et cela sent le rance.
Molécule d'acide gras

Les radicaux libres sont en fait des molécules instables d’oxygène et c’est donc l’oxygène contenu dans l’air qui est pourvoyeur de radicaux libres. Donc, plus il y a d’air au contact de l’huile ou du sérum huileux, plus le phénomène d’oxydation causé par les radicaux libres aura lieu.
De plus, les UV et la chaleur jouent le rôle de Catalyseur. C’est à dire qu’ils vont accélérer le phénomène d’oxydation.

Pour résumer : Sans oxygène, il n’y aura pas d’oxydation.
Mais en présence d’Oxygène, de lumière et de chaleur, on observe une accélération du rancissement de l’huile.
C’est pourquoi, nous vous recommandons de tou
jours conservés vos huiles et sérums huileux à l’abri de la lumière et de la chaleur.

 

Y a t’il des huiles plus sensibles que d’autres à l’Oxydation ?

Oui, comme nous venons de le voir cela dépend de la nature des lipides et en particulier des acides gras. Le nombre de doubles liaisons définit l’insaturation de l’acide gras et conditionne la réactivité chimique de la molécule, sa stabilité / fragilité face à l’oxydation, mais aussi ses propriétés.

S’il y a :

– 0 double liaison sur la chaine carbonée : ce sont les Acides Gras Saturés = AGS, comme l’acide palmitique, stéarique…

– 1 seule double liaison : cela caractérise les Acides gras mono-insaturés = AGMI, les fameux Oméga 9 comme l’acide Oléique.

– plusieurs doubles liaisons caractérisent les Acides gras poly-insaturés = AGPI, avec notamment :

  • Les Oméga 6 : l’acide linoléique
  • Les Oméga 3 : l’acide linolénique

Ainsi, plus un acide gras contient de doubles liaisons, plus la molécule sera sensible au phénomène d’oxydation. C’est pourquoi, toutes les huiles riches en Oméga 3 et oméga 6, dites polyinsaturées sont particulièrement fragiles.

Le potentiel oxydatif de l’huile dépend de sa composition en acides gras et donc de son origine :

classement des huiles végétales selon leur origine géographique

 On trouve principalement les Acides Gras Polyinsaturés dans les huiles issues des plantes oléagineuses qui poussent sous des climats froids ou tempérés. Il s’agit de l’Huile bio de baies d’Églantier, de Rosier Muscat, de Chanvre, de Bourrache, d’Argousier, de pépins de Framboise…

Celles issues des pays Méditerranéens, ont un profil plus riche en Oméga 9 (AGMI) et seront un peu moins fragiles mais restent tout de même oxydables. Ce sont les huiles bio d’Argan, de noyaux d’Abricot, d’Avocat, d’Amande…

Quant aux huiles extraites des plantes poussant dans les milieux tropicaux et riches en acides gras saturés (sans double liaison), elles sont beaucoup moins sensibles à l’oxydation. On trouve notamment le beurre de Karité, l’huile de Coco, l’huile de Chaulmoogra…

Comment prévenir la dégradation de vos huiles ?

Voici nos conseils pour vous aider à préserver votre huile le plus longtemps possible :

  • Achetez des petits volumes d’huiles végétales bio, surtout pour les plus fragiles. Car plus vous avez un grand conditionnement, plus la bouteille va durer longtemps, plus votre huile restera au contact de l’air et rancira vite.
    Il faut donc éviter que votre huile ne reste trop longtemps au contact de l’oxygène de l’air : pensez à reboucher votre flacon après utilisation.
  • De même, évitez de stoker un flacon d’huile déjà entamé dans lequel il y a une grande quantité d’air. Si besoin, transvasez votre restant d’huile dans un plus petit flacon de taille adaptée au volume restant. Conservez-la de préférence dans un flacon en verre inerte.
  • Conservez vos flacons à l’abri de la lumière et de la chaleur, idéalement dans un placard.
  • Si votre huile est très fragile, placez votre flacon au réfrigérateur, tant que vous ne l’utilisez pas.
    Il arrive que certaines huiles changent d’aspect lorsque les températures sont baisses, c’est à tout à fait normal et cela ne change en rien sa qualité. Nous expliquons cela dans cet article : Pourquoi certaines huiles végétales se figent-elles au froid ?
  • Ajoutez un antioxydant naturel comme par exemple la vitamine E dès l’ouverture de votre flacon.
    Comptez 5 gouttes dans un flacon de 15mL, 10 gouttes dans 30 mL et 15 gouttes pour un flacon de 50 mL.
    Les antioxydants, comme la Vitamine E, permettent de neutraliser les radicaux libres et limiter l’attaque radicalaire des acides gras les plus fragiles : les acides gras poly-insaturés. Cela permet de ralentir le phénomène d’oxydation.
    Ainsi, la vitamine E prolongera la durée de conservation d’une huile végétale. Elle a aussi un rôle très intéressant sur la peau : c’est un excellent actif anti-âge !

Voici un tableau récapitulatif pour vous indiquer comment conserver votre huile :

La fragilité de l’huile végétale dépend de sa sensilité à l’oxydation et est directement liée à sa composition en différents acides gras et la présence d’éventuelles molécules antioxydantes comme les vitamines A, E et les phytostérols.

Sensibilité à l’oxydation Huile végétale de Conservation Durée d’utilisation
Très Sensible Argousier, Bourrache, Cameline, Chanvre, pépins de Courge, baies d’Églantier, pépins de Framboise, Périlla, pépins de Raisin, Rosier Muscat. Au frais, à l’abri de la lumière et de la chaleur et de préférence au réfrigérateur. A utiliser dans les 6 mois après ouverture du flacon.
Sensible noyaux d’Abricot, d’Amande douce, d’Avocat, Carthame, pépins de Grenade, Karanja+, Nigelle, Sésame Au frais, dans un placard à l’abri de la lumière et de la chaleur. A utiliser dans les 9 à 18 mois après ouverture du flacon.
Peu sensible Chaulmoogra, Coco, Jojoba, Karité, Macadamia, Ricin, Sapote, Souchet A température ambiante, à l’abri de la lumière. Peut se conserver jusqu’à 24 mois.

Vous saurez désormais comment optimiser la qualité de votre huile végétale bio en la préservant de l’oxydation.